Qu’est-ce qu’un vin naturel et que signifie-t-il en Belgique ?

Explorer, comprendre et déguster le vin naturel belge

Vin naturel, vin bio et vin biodynamique : quelles différences ?

Commençons par lever une ambiguïté fréquente : tous les vins naturels ne sont pas forcément bio ou biodynamiques, et l’inverse est également vrai. Ces trois approches se chevauchent parfois, mais elles reposent sur des spécificités distinctes.

Un vin biologique est élaboré à partir de raisins issus de l’agriculture biologique, conformément à une réglementation strictement codifiée au niveau européen. Cette approche interdit l’utilisation de pesticides de synthèse et limite les intrants œnologiques (colorants, enzymes, levures industrielles, etc.) en cave.

La biodynamie, quant à elle, est plus proche d’une philosophie globale que d’une simple méthode agricole. Inspirée des principes de Rudolf Steiner, elle introduit des pratiques spécifiques comme l’usage de préparations à base de plantes ou le suivi du calendrier lunaire. Les certifications Demeter ou Biodyvin garantissent son authenticité.

Le vin naturel, souvent associé aux deux précédents, pousse cette rigueur un cran plus loin. Il privilégie des raisins cultivés sans produits chimiques et bannit en cave à peu près tous les intrants œnologiques et les procédés technologiques. L’idée ? Produire un vin « nu », à l’image du raisin et du terroir.

Un vin naturel peut-il être non certifié bio ?

Voilà un débat qui revient souvent. En théorie, un vin naturel devrait nécessairement être bio, puisqu'il repose sur des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. Cependant, tous les vignerons engagés dans cette démarche ne poursuivent pas une certification officielle. Cela peut être un choix économique (les labels coûtent cher) ou philosophique, certains préférant la confiance directe avec leurs consommateurs à une mention sur l’étiquette.

En Belgique, où certaines parcelles viticoles restent modestes, cette absence de certification est fréquente. Cela ne signifie pas pour autant que les vignerons sont moins exigeants ! Avant d’acheter, renseignez-vous : la transparence prime dans l’univers du vin naturel.

Les pratiques interdites dans le vin naturel

Pour qu’un vin puisse être qualifié de "naturel", certaines pratiques sont proscrites. Parmi les principales :

  • Aucun ajout de levures industrielles : seules les levures indigènes présentes naturellement sur le raisin et dans la cave sont utilisées.
  • Pas de désacidification chimique ni d’ajout de tanins artificiels ou de concentrés de moût.
  • Pas de filtration sévère, qui peut retirer une partie des arômes et de la texture du vin.
  • Peu ou pas de sulfites ajoutés : la quantité totale doit généralement être inférieure à 30 mg/L (contre 150 mg/L pour les vins conventionnels).

Les vignerons cherchent ici à respecter la vinification la plus pure possible, pour laisser parler le raisin et le terroir. Cependant, cela demande une expertise solide et un travail méticuleux pour éviter les déviances aromatiques (vin tourné, oxydation excessive, etc.).

Le vin naturel a-t-il une définition légale en Belgique ?

Contrairement à la France, qui a introduit en 2020 un cahier des charges officiel pour le "vin naturel" (avec la mention “Vin Méthode Nature”), la Belgique ne dispose pas encore d’un cadre légal spécifique. Ici, ce sont surtout des associations ou des groupements de vignerons qui s'érigent en garants des bonnes pratiques.

Certaines caves belges choisissent de s’aligner sur les critères français ou adoptent un cahier des charges inspiré de celui de l’association internationale des vins naturels (AVN). Toutefois, l’absence de législation nationale rend parfois la reconnaissance de ces vins plus complexe pour un néophyte.

Pourquoi parle-t-on de “vin vivant” ?

C’est sans doute l’une des expressions les plus emblématiques du vin naturel. Un vin vivant, c’est un vin qui évolue dans le temps, qui respire et bouge. Les fermentations spontanées et l’absence de filtrations permettent aux micro-organismes de continuer à agir, même une fois la bouteille fermée. Résultat ? Une personnalité unique et parfois des surprises, bonnes ou moins bonnes, selon le stockage et le moment de dégustation.

Le vin naturel contient-il moins de sulfites ?

Oui, généralement. Les sulfites, ajoutés comme conservateurs, sont présents en quantités très réduites, si tant est qu’ils soient utilisés. Leur dosage reste un sujet sensible. L'absence totale de sulfites peut augmenter la fragilité du vin, mais leur réduction à des doses infimes rend ce dernier moins irritant pour certaines personnes sensibles à ces composés.

Pour rappel, les limites maximales autorisées sont de :

  • 150 mg/L pour les vins rouges conventionnels, contre environ 30 mg/L pour les vins naturels ;
  • 200 mg/L pour les blancs et rosés industriels, contre 40 mg/L pour leurs équivalents naturels.

Comment reconnaître un vin naturel à l’achat ?

Pour identifier un vin naturel, voici quelques pistes :

  • Étiquette transparente : des indications claires sur l’absence d’intrants ou des mentions comme "levures indigènes" peuvent être de bons indices.
  • Recherchez les certifications internationales ou locales, si disponibles.
  • Discutez avec votre caviste, qui connaît souvent les pratiques des vignerons derrière les bouteilles.

Et en Belgique, de nombreux artisans partagent directement leur démarche sur les salons ou les marchés. Prenez le temps d’explorer et de questionner.

Le vin naturel est-il plus fragile ?

Effectivement, un vin naturel exige plus de soin, tant de la part du producteur que du consommateur. L’absence de conservateurs puissants ou de manipulation technique rend ces vins sensibles aux variations de température et au vieillissement. Idéalement, conservez-les dans un endroit frais, entre 10 et 14°C, et évitez les expositions prolongées à la lumière.

Un atout pour l’environnement

La production de vin naturel s’inscrit dans une démarche écologique globale. En valorisant une agriculture sans intrants chimiques, en mettant en avant des pratiques manuelles et en limitant les interventions en cave, ce type de vin a une empreinte écologique réduite. On estime également qu’il contribue à la préservation de la biodiversité des sols et favorise des paysages plus riches et vivants.

Quels débats autour de la définition du vin naturel ?

Malgré l’enthousiasme croissant pour le vin naturel, le secteur reste l’objet de nombreuses discussions. Les débats se concentrent sur la nécessité (ou non) d’une définition légale stricte, la tolérance à certaines pratiques comme l’ajout minimal de sulfites, ou encore l’inégalité entre les petits vignerons et les grandes structures qui cherchent parfois à récupérer cette tendance.

Néanmoins, quel que soit le camp, une tendance se dessine : le vin naturel, avec son authenticité et son approche humaine, est en passe de redéfinir notre rapport au vin et à la consommation en général. Alors, la prochaine fois que vous ouvrez une bouteille, pensez à toute cette histoire vivante qui s’y cache… Santé !